Alors que certains secteurs, comme l’agriculture, profitant de la bonne année agricole, remplissent leur part du contrat, d’autres, comme l’industrie, confirment la tendance, peu rassurante, dans laquelle ils s’inscrivent depuis plusieurs années.
L’agriculture au rendez-vous
Maintenant, cette embellie cache évidemment des performances très disparates selon les secteurs. Alors que certains, comme l’agriculture, profitant de la bonne année agricole, sont au rendez-vous et remplissent leur part du contrat, d’autres, comme l’industrie, confirment la tendance, peu rassurante, dans laquelle ils s’inscrivent depuis plusieurs années.
Ainsi, sur les 86.000 emplois créés en 2017, presque la moitié, soit 42.000, l’ont été dans le secteur agricole. Si à cela on rajoute 5.000 autres emplois créés dans les industries agroalimentaires, fortement tributaires de l’amont agricole, le secteur primaire se place de loin comme premier pourvoyeur d’emplois pour les Marocains.
Les services et le BTP s’essoufflent
Très loin derrière l’agriculture, on retrouve les services dont l’activité a pu générer quelque 26.000 emplois. La contribution est respectable, certes, mais il faut rappeler que ce niveau reste en deçà de ce que les services créaient dans les années passées, à savoir une moyenne de 90.000 emplois sur la période 2007-2014 et 40.000 sur les années 2014 à 2016. On notera, au passage, que les emplois dans les services ont tendance de plus en plus à se ruraliser puisque sur les 26.000 emplois créés, 15.000 l’ont été en milieu rural contre 11.000 en milieu urbain. C’est peut-être là le résultat aussi d’un effet d’entraînement du secteur agricole qui reste dominant dans les campagnes.
L’autre secteur qui affiche lui aussi des signes d’essouflement, le BTP. Alors que pendant longtemps, il était connu pour être un des principaux moteurs de l’activité économique en général, et de la création d’emplois en particuliers, sa prestation se tasse depuis deux ans. En attestent les 11.000 emplois seulement créés en 2017 au moment où sur la période 2014–2016, il s’en créait quelque 20.000.
La panne confirmée dans l’industrie
En revanche, dans le secteur industriel, la panne de l’emploi se confirme. A peine 7.000 emplois s’y sont créés et encore. Car sur les 7.000 emplois, 5.000 sont le fait des industriels agroalimentaires. Les 2.000 emplois qui restent ont été créés dans l’industrie et l’artisanat groupés. On en déduit que dans le secteur industriel à lui seul, les emplois n’ont pas dépassé le millier. Même en 2016, quand le HCP faisait état de 10.000 emplois créés dans le groupe «industrie et artisanat», 5.000 étaient en fait toujours créés dans les seules industries agroalimentaires, ce qui laisse 5.000 emplois pour tout le reste.
La situation est on ne peut plus paradoxale au vu des objectifs ambitieux annoncés pour la stratégie d’accélération industrielle et au vu de la montée en puissance de certains nouveaux secteurs comme l’automobile et l’aéronautique.
49.000 chômeurs de plus en 2017
C’est la preuve que les activités à caractère urbain, dont par excellence les industries, n’arrivent pas à résorber la demande qui arrive sur le marché du travail.
A la fin de 2017, aussi, le nouveau taux de chômage s’établit à 10,2% contre 9,9% en 2016 avec, là aussi, une disparité flagrante entre l’urbain avec 14,7% et le rural avec 4%.
Les diplômés, les jeunes et les femmes
Les chiffres de l’emploi à fin 2017 confirment également les tendances inquiétantes quant à certaines catégories. Ainsi, le taux de chômage le plus élevé, toutes typologies et toutes catégories confondues, est celui des jeunes dans la tranche 15-24 ans qui constituent en fait le plus gros des nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi. Il n’empêche que même leurs aînés, les 25-34 ans, ne sont pas mieux lotis avec un taux de chômage de 15,4%. L’autre catégorie qui souffre le plus n’est autre que les diplômés avec un taux de chômage effarant de 17,9%. Un chiffre à comparer avec le chômage des « sans diplômes » qui est à peine de 3,8%. Un indice que l’emploi au Maroc reste malheureusement encore peu qualifié.
Enfin, les femmes constituent la troisième catégorie la plus défavorisée avec un taux de chômage qui atteint 14,7% contre seulement 8,8% pour les hommes. Un signe que la parité et l’égalité des chances ne jouent pas encore pleinement…