Abu ʾAli al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina, dit Avicenne, ou Ibn Sīnā (en arabe: ابن سینا), né le à Afshéna, près de Boukhara, dans la province de Grand Khorasan (actuellement en Ouzbékistan) et mort en à Hamadan (en Iran), est un philosophe et médecin médiéval persan, de religion musulmane. Rédigeant principalement en arabe classique, il s’intéressa à de nombreuses sciences, comme l’astronomie, l’alchimie, et la psychologie.
Ses disciples l’appelaient « Cheikh el-Raïs », prince des savants, le plus grand des médecins, le Maître par excellence, le troisième Maître (après Aristote et Al-Fārābī).
Ses œuvres principales sont l’encyclopédie médicale Qanûn (Canon de la médecine) et ses deux encyclopédies scientifiques al Shifa (De la guérison [de l’âme]) et Danesh Nâma (livre de science).
Dans son Qanun, il opère une vaste synthèse médico-philosophique avec la logique d’Aristote, combinée avec le néo-platonisme, élevant la dignité de la médecine comme discipline intellectuelle, compatible avec le monothéisme. Son influence sera prédominante en Occident médiéval latin jusqu’au xvie siècle.
Si son œuvre médicale n’a plus qu’un intérêt historique, son œuvre philosophique se situe au carrefour de la pensée orientale et de la pensée occidentale. Elle reste vivante au début du xxie siècle dans le cadre de l’Islam iranien. Elle continue d’être étudiée en Occident du point de vue de la philosophie, de l’épistémologie et des sciences cognitives.
Contexte historique
Aux viie et viiie siècles, premiers siècles de l’hégire pour le monde musulman, les conquérants arabes vont se trouver en présence de communautés appartenant surtout au christianisme oriental en Égypte, Palestine, Syrie et Mésopotamie. Ces communautés avaient déjà produit de nombreuses traductions des œuvres philosophiques et scientifiques gréco-romaines, du grec au syriaque. Ce travail se poursuivra jusqu’au xiiie siècle.
De 750 à 850, période des califes Abbassides, la science arabo-musulmane est en plein essor. Les traducteurs des califes utilisent d’abord les versions syriaques, puis les textes grecs, pour les traduire en arabe. Les souverains payaient parfois leur poids en or tout livre récemment traduit, et c’est ainsi que, dès le ixe siècle, une majeure partie des écrits de la Grèce était disponible en langue arabe. Le philosophe al-Fārābī (mort en 950), « le second maître » (en référence au premier maître, Aristote), tient une place prépondérante dans cette dynamique.
Dans le monde iranien, alors sous domination arabe, la culture arabe se confronte avec la culture persane. Les textes et traditions des dogmes islamiques se fixèrent à cette époque :
- le sunnisme, avec al-Ash‘ari (en 935) ;
- le chiisme duodécimain, avec Shaykh Saduq Ibn Babuyeh (en 991) et Shaykh Mufid (en 1022) ;
- l’ismaélisme, ou chiisme ismaélien, branche du chiisme, en langue arabe et en langue persane.
À la même époque, à la périphérie du monde iranien, les Turcs en provenance de Mongolie, entrent en contact avec l’Islam, et s’islamisent, constituant des dynasties d’origine turque, comme les Seldjoukides.
Dans le monde chrétien des xe et xie siècles, sont à peu près contemporains d’Avicenne des savants et philosophes comme Michel Psellos en Orient chrétien (Byzance).. En Occident latin, c’est une période d’attente et de transition (fin du Haut Moyen Âge, début du Moyen Âge central) où l’on peut signaler Gerbert, Fulbert, Lanfranc et saint Anselme.
Son œuvre
Son œuvre est d’une ampleur variable selon les sources : 276 titres pour G. C. Anawati, 242 pour Yahya Mahdavi, voire 456 titres pour le chercheur iranien Said Nafissi, mais seuls 160 sont parvenus jusqu’à nous.
Il est l’auteur de monuments, d’ouvrages plus modestes, mais aussi de textes courts. Son œuvre couvre toute l’étendue du savoir de son époque logique, linguistique, poésie; physique, psychologie, médecine, chimie; mathématiques, musique, astronomie; morale et économie; métaphysique; mystique et commentaires de sourates du Coran.
Avicenne, fin lettré, fut le traducteur des œuvres d’Hippocrate et de Galien et porta un soin particulier à l’étude d’Aristote. Il s’inscrit dans un mouvement général qui voit les philosophes de culture islamique découvrir la culture grecque auprès de l’Empire Byzantin,
Pendant plusieurs siècles, jusqu’au xviie siècle, son Qanûn constitue le fondement de l’enseignement tant en Europe, où il détrône Galien, qu’en Asie.
Le dessein personnel du philosophe trouve son achèvement dans la philosophie orientale (hikmat mashriqiya), qui prit la forme de la compilation de vingt-huit mille questions. Cette œuvre disparut lors du pillage d’Ispahan (1034), et il n’en subsiste que quelques fragments.
Avicenne a écrit principalement en arabe classique (pour presque tous ses ouvrages majeurs) mais parfois aussi dans la langue vernaculaire, le persan, pour 23 titres mineurs (à l’exception du Danesh Nâma ou «Livre de Science»).