Mary Mounib doodle

Marie Mounib – Son histoire, son parcours et pourquoi Google lui consacre un Doodle

Marie Mounib est née le 11 février 1905 à Beyrouth. Elle a vécu au Liban avant d’émigrer en Egypte où elle s’est mariée avec l’acteur Fawzi Mounib. Elle en avait le nom de famille, se convertissant en même temps à la religion musulmane.

Mary Mounib doodle

C’est au sein de la troupe d’Ali Kassar qu’elle commença sa carrière en jouant dans la pièce Al qadhiya nimra 14 (L’affaire numéro 14). Elle n’y resta en fait que six mois, sautant par la suite d’une troupe à l’autre: troupes de Youssef Ezzeddine, de Fawzi Al Jazayerli, de Ramsès, de Fatma Rochdy.

Pourtant, la troupe Rihani a été un tournant dans sa carrière, car elle y restera jusqu’à sa mort. Elle joua des pièces aussi célèbres que Eddonia lamma tedh’hak (Quand la vie te sourit), Echaïeb lamma yaddalaâ (Quand le vieux fait des caprices), Qesmati (Mon destin), Illa khamsa (Moins cinq).

Dans la troupe de Négib Rihani, elle incarna le plus souvent le personnage de la dame très amusante mais autoritaire en même temps.

Un personnage que Marie Mounib développera de façon à ce qu’elle touche quasiment la perfection dans le rôle de la belle-mère : «J’essaie de donner une leçon utile aux gens par un langage satirique sur la belle-mère», avouera-t-elle plus tard.

Beaucoup de rôles

Au cinéma, son premier film a été Ibn echaâb (fils du peuple), en 1934, réalisé par Ebtekmane Essaghir. Elle y joua à côté de Bichara Wakim, Mimi Chakib, Séraj Mounir et Omar Wasfi. Puis vint Enghandoura. En 1937, elle joua le premier rôle dans le film Mirati nemra 7 (Ma femme numéro 7), puis dans Al hob el mourestani (Amour dans l’asile), de Mario Volpi. Elle incarna les premiers rôles dans les longs métrages : Hamati komboula dhérya (Ma belle-mère est une bombe atomique) de Helmi Rafla, Kidhbet avril (Poisson d’avril) de Mohamed Abdeljaouad, Oum ratiba de Sayed Bédir, Hamati malek (Ma belle-mère est un ange) de Aïssa Karama, Ennass elli taht (Les gens du palier inférieur) de Kamel Tlemçani, pour finir par Loussouss laken dhourafaâ (Voleurs mais sympathiques, en 1969), à côté d’Ahmed Madhar et Adel Imam.

Mais Marie Mounib ne sera pas confinée dans le seul rôle de la belle-mère. Elle incarna également le personnage de la fille du bled (bent el balad) dans le long métrage Al azima (La volonté) de Kamel Sélim en 1939, Intissar Achabab et (Le triomphe de la jeunesse) d’Ahmed Badrakhan en 1941.

Vieille fille et dame turque

Notre actrice incarna avec un même bonheur le rôle de la vieille fille dans plusieurs longs métrages, dont nous citerons Si Omar de Niazi Mustapha en 1941, Mamlakatou annissa (Le royaume des dames) de Ihsène Faraghli «Kilo 99», de Ibrahim Helmy. Marie Mouhib joua le personnage de la mère dans Baba Amine, le premier film de Youssef Chahine, Rissala men emraa majhoula (Lettre d’une dame inconnue) de Salah Abou Seïf avec Férid Latrache.

Il y eut aussi le profil de la dame turque, qui était très fréquent en Egypte en son temps. Dans ce genre, on peut citer son jeu dans Chouhada el gharam (Les martyrs de la passion) de Kamel Sélim, Al Mourahakane (Les deux adolescents) de Seïf Eddine Chawket…

Leader de la comédie spontanée, Marie Mounib reconnaît avoir eu son premier choc dans sa vie quand son conjoint Faouzi Mounib l’abandonna après avoir eu de lui deux garçons, Foued et Badii et une fille.

Faouzi se remariera avec Narjess Chawki, lors d’un de ses voyages au pays du Cham.

Seul son épanouissement au sein de la troupe de Youssef Wahby qu’elle venait de rejoindre la sauvera d’une dépression. Pourtant, après avoir joué dans Banat errif (Les filles de la campagne), elle rompt avec cette troupe qui privilégiait la tragédie, alors que la nature de notre actrice était gaie et portée sur le rire.

Un cœur tendre et généreux

En 1937, Marie se remariera avec l’avocat Fehmy Abdessalem qui était le mari de sa sœur aînée, Alice, laquelle venait de décéder. Un peu parce que les enfants de Alice avaient besoin d’un cœur. Elle portera le nom de Amina Abdessalem et se convertira à l’Islam.

Malgré l’attrait qu’exerçait sur elle le cinéma, elle préféra se consacrer au théâtre, puisqu’il lui était devenu impossible de soutenir le rythme infernal imposé par les studios de cinéma le jour, et les salles de théâtre la nuit.

Marie Mounib n’a pas non plus oublié que la meilleure période de sa vie artistique a été au sein du théâtre Néjib Rihani, une école qui lui a beaucoup appris dans les arts et dans la vie.

«Personne ne peut réellement imiter l’autre, a-t-elle avoué un jour. C’est pourquoi je ne pense pas qu’on puisse imiter mon personnage. Ce n’est pas là de la prétention : les hommes sont ainsi faits et chacun est unique dans son genre».

L’histoire retiendra, par ailleurs, qu’elle a su, par sa forte personnalité, son engagement, son opiniâtreté et son sens du compromis, sauver la mythique troupe de Néjib Rihani après la mort de celui-ci en 1949, et la disparition de certains grands noms de la comédie.

Mieux encore, Marie Mounib a servi de soutien généreux et d’appui désintéressé pour beaucoup d’artistes tombés dans le besoin et parfois même dans le dénuement, à la fin de leur vie.

Parmi ceux qui ont bénéficié de ce cœur tendre et généreux figurent les artistes Abdelfattah Kasri et Hassen Fayek.

Le 21 janvier 1969, elle continua sa mission, celle d’amuser les gens et de leur donner un peu de bonheur lorsque, sur le coup d’une heure et demie du matin, une fois la représentation terminée, elle reprit le chemin de son foyer sans ressentir le moindre malaise. Mais elle fut foudroyée par une crise cardiaque aiguë qui ne lui laissa aucun répit.

Marie Mounib partait, laissant derrière elle un important patrimoine de 52 pièces de théâtre et plus d’une centaine de films.